Plusieurs recherches dans le domaine de l'apprentissage informel d'une langue seconde (AILS) étudient des éléments de la parole tels que la fluidité, l'aisance et la précision (Cole & Vanderplank, 2016 ; Kusyk, 2017). Rares sont les études en AILS qui se consacrent à la prononciation, à l'accent ou encore à l'identité des apprenants en L2 (Moyer, 2003). À partir de la différence entre les discours lu et spontané (Howell & Kadi-Hanifi, 1991), j'ai mené une recherche pilote qui vise à collecter des données semi-spontanées et à analyser acoustiquement les productions orales d'apprenants d'anglais qui s'engagent dans des activités informelles. Nous avons demandé à un groupe de 18 étudiants français de tenir un journal oral (Song, 2009). La consigne était d'enregistrer un résumé, une synthèse ou autre, sans aucune note (texte écrit), après avoir fait une activité non imposée en anglais. Cinq volontaires ont envoyé entre deux et quatre enregistrements (une douzaine d'heures) et ont accepté d'être interviewés. L'analyse de contenu des journaux oraux et des entretiens montre que ces apprenants sont non seulement conscients de l'amélioration de leurs compétences orales grâce aux activités informelles (séries télévisées et films, musique et jeux). Ils reconnaissent également que l'activité du journal oral leur a donné l'occasion de pratiquer leurs productions orales, notamment au niveau articulatoire. De plus, l'analyse acoustique a révélé des discours plus fluides, précis et compréhensibles avec une prononciation tendant vers l'accent américain (Rindal, 2010). Des aspects segmentaux et suprasegmentaux tels que la rhoticité, le flapping, la vocalisation nasale, l'intonation montante et descendante, le uptalk, le freaky voice ou encore le yod-dropping ont été largement identifiés chez certains apprenants. Ces résultats indiquent aussi des imitations vocales (Markham, 1997) pour des raisons diverses données par les participants (ex : accent attractif, facile), que nous interprétons par une affiliation identitaire aux différents accents auxquels ils s'exposent à travers des activités informelles.
Bibliographie
Cole, J., & Vanderplank, R. (2016). Comparing autonomous and class-based learners in Brazil: Evidence for the present-day advantages of informal, out-of-class learning. System, 61, 31‑42.
Howell, P., & Kadi-Hanifi, K. (1991). Comparison of prosodic properties between read and spontaneous speech material. Speech communication, 10(2), 163-169.
Kusyk, M. (2017). The development of complexity, accuracy and fluency in L2 written production through informal participation in online activities. Calico Journal, 34(1), 75-96.
Markham, D. (1997). Phonetic imitation, accent, and the learner (Travaux de l'institut de Linguistic de Lund, Vol. 33). Lund, Sweden: Lund University Press.
Moyer, A. (2013). Foreign Accent: The Phenomenon of Non-native Speech. Cambridge: Cambridge University Press.
Rindal, U. (2010). Constructing identity with L2: Pronunciation and attitudes among Norwegian learners of English. Journal of Sociolinguistics, 14(2), 240–261.
Song, J. W. (2009). An Investigation into the Effects of an Oral English Diary a Using Voice Bulletin Board on English Spoken Performance. Multimedia Assisted Language Learning, 12(1), 125-150.