Interpréter les écrits de l'environnement du quotidien représente un enjeu crucial pour les migrant.e.s nouvellement arrivé.e.s, par exemple pour s'insérer dans leur voisinage, effectuer les démarches administratives, rechercher un emploi ou se déplacer dans la ville d'accueil (Canut, Delahaie et Husianycia, 2020). Cette recherche vise à établir une catégorisation des écrits de de l'environnement du quotidien selon les enjeux de complexité qu'ils recèlent pour les migrant.e.s allophones. Elle s'appuie sur un corpus de textes multimodaux (panneaux d'affichage, éléments de signalétique, publications sur les réseaux sociaux…) recueillis dans la ville de Montréal en vue d'enrichir l'enseignement du français aux personnes adultes migrantes au Québec (Fortier et al, 2021).
Dans un premier temps, un travail d'analyse sémiotique s'inspirant des travaux de van Leeuwen (2008) a été conduit sur ce corpus pour déterminer des catégories pertinentes correspondant aux types de textes multimodaux, à leur spécificité et aux enjeux sémiocognitifs qu'ils peuvent représenter pour les migrant.e.s. Ensuite, dans la lignée de la pédagogie multimodale (Kress et Selander, 2012), un travail de co-design (Altherr Flores, 2021) s'est engagé avec des enseignant.e.s travaillant au ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec afin de produire et de tester des séquences pédagogiques visant à développer la littératie des migrant.e.s pour les aider à réussir à interpréter les écrits de l'environnement du quotidien. Les séances de conception ont été documentées (filmage vidéo, séquences produites par les enseignant.e.s et notes de terrain) pour repérer les stratégies pédagogiques déployées pour accompagner le travail de sémiose et d'apprentissage requis par les migrants allophones. L'intervention se conclura par un certain nombre de pistes méthodologiques pour nourrir la réflexion autour de la pédagogie multimodale pour le public des migrants allophones.