Au sein de l'Enseignement du Français Langue Étrangère, il est possible d'identifier des domaines spécifiques dans lesquels la recherche, bien qu'approfondie, laisse encore place à l'investigation et à l'élaboration de nouvelles propositions méthodologiques. Tel est le cas de la correction phonétique, un aspect de la didactique qui a reçu moins d'attention par rapport à d'autres, en partie en raison de la popularité des approches qui privilégient le renforcement de la compétence communicative de l'apprenant, contournant des aspects comme la prononciation.
Ce problème est accentué dans le domaine de l'enseignement du Français sur Objectifs Spécifiques, notamment dans la correction phonétique du français pour l'interprétation du chant lyrique, sujet abordé que par 6 % des articles scientifiques sur la phonétique (Pillot-Loiseau, 2011). Et ce, malgré le fait que la prononciation des interprètes d'opéra pourrait représenter un potentiel point d'intérêt pour la recherche, car elle présente des canons différents de ceux de la langue parlée, non seulement pour des raisons techniques (Schweitzer, 2019), mais aussi en raison de conventions socioculturelles, comme la considération de la prononciation quotidienne du français jugée « trop vulgaire » pour l'opéra (Grubb, 1997).
D'autre part, alors que des auteurs comme Zedda (1991) insistent sur l'importance de la prononciation correcte dans le chant, la considérant même comme une « variante » linguistique, des chercheurs comme Carranza et Alessandroni (2013) soulignent aussi que « les pratiques pédagogiques vocales liées à l'apprentissage individuel du chant n'ont pas sensiblement changé par rapport aux pratiques traditionnelles, héritées du modèle hégémonique de formation des musiciens apparu à la fin du XVIIIe ». Il est possible de déduire que l'une des causes de cette absence d'évolution est le profil pluridisciplinaire exigé des enseignants exerçants dans cette discipline, ce qui nécessite de leur part la maitrise d'une solide formation pédagogique, linguistique, musicale et scientifique.
Cependant, dans le domaine de la correction phonétique de la voix parlée, on peut citer l'application de différentes méthodes avec des résultats satisfaisants et importants, comme la méthode verbotonale (MVT) (Alazard, 2013).
Ce qui est présenté ici n'est que la genèse du possible développement d'une didactique de la phonétique de la voix chantée basée sur l'utilisation de la MVT, dont les techniques synesthésiques peuvent être familières aux chanteurs d'opéra grâce à leur utilisation fréquente de mouvements et métaphores pour la correction de l'émission vocale (Roa, 2018). De même, il cherche à contribuer à rapprocher le grand nombre de chanteurs d'origine hispanophone du vaste répertoire de la musique académique en français.
A cet effet, des informations seront fournies sur l'efficacité de la MVT dans la pratique des chanteurs lyriques, basée sur la documentation d'une expérience d'enseignement et d'apprentissage spécifique : un atelier de prononciation proposé à 10 jeunes artistes lyriques d'origine chilienne, guatémaltèque, espagnole, mexicaine, colombienne, costaricienne et vénézuélienne, porté sur la préparation de quatre extraits de l'opéra français « Carmen », du compositeur Georges Bizet.