Ce travail présente une étude exploratoire des sentiments de sécurité et d'insécurité
linguistique chez des apprenant.e.s de FLE argentin.e.s du niveau supérieur et de leur
lien possible avec des particularités de leurs productions orales. Les domaines de la
sociolinguistique (Francard, 1997 ; Calvet, 2009) et la sociophonétique (Celata &
Calamai, 2014 ; Candea & Trimaille, 2015) rendent possible une analyse des
performances et des représentations sur ces productions capable de problématiser les
notions de correction et de légitimité, liées à l'aspect normatif des langues. Ceci
permettrait de s'interroger et d'interroger des apprenant.e.s sur leur ressentis et sur les
évaluations qu'ils peuvent faire de leurs performances. La base empirique de la
présente étude est conformée par deux types de données. Des enregistrements de
productions orales d'étudiant.e.s des filières de licence et de formation d'enseignants
et de traducteurs en langue française de l'Université Nationale de La Plata (Argentine),
ainsi que des entretiens d'autoconfrontation auprès de ces mêmes étudiant.e.s.
L'analyse exploite une méthodologie mixte incluant l'analyse acoustique du signal de
parole assisté par le logiciel PRAAT et l'analyse qualitative de contenu des entretiens.
Le traitement instrumental du signal sonore permettra de montrer la présence, la
localisation et la fréquence d'occurrence de certains éléments du phonétisme, d'ordre
segmental et suprasegmental. L'analyse de contenu, de son côté, vise
la détection des aspects phoniques ayant pour les apprenant.e.s des liens avec la
variable sécurité insécurité linguistique ainsi que des construits concernant des
objectifs d'apprentissage (Miras, 2021a et b). Les résultats de cette étude nous
permettront d'orienter le travail didactique de la part des acteurs apprenant.e.s et
enseignant.e.s dans le processus d'appropriation des savoirs concernant la
prononciation du français comme langue additionnelle. De plus, nous espérons pouvoir
avancer ultérieurement dans la définition de l'incidence de ces particularités de
prononciation dans la compréhensibilité de nos étudiants de la part de locuteurs
francophones n'ayant pas de connaissances d'espagnol. Nous estimons que notre
recherche pourrait contribuer à établir, à terme et de manière réfléchie et critique, des
objectifs d'instruction en ce qui concerne la prononciation du français de la part de nos
étudiant.e.s (Miras, 2021a).
Références
Calvet, L.-J. (2009). La sociolinguistique. Paris : PUF.
Candea, M. & C. Trimaille (2015). Introduction. Phonétique, sociolinguistique,
sociophonétique : histoires parallèles et croisements. Dans Candea, M. & C. Trimaille «
Langage et société » 2015/1 n° 151. Paris : Éditions de la Maison des sciences de
l'homme. p. 7-25.
Celata, C., & Calamai, S. (Eds.). (2014). Advances in sociophonetics. John Benjamins
Publishing Company.
Francard, M. (1997) "Insécurité linguistique". Dans : MOREAU, M.-L. (éd.)
Sociolinguistique. p. 170-176. Liège : Mardaga. Repéré à
http://hdl.handle.net/2078.1/75290.
Miras, G. (2021a). Didactique de la prononciation en langues étrangères, de la correction à
une médiation. Paris : Didier FLE.
------------ (2021b). L'autobiographie comme support d'une réflexivité enseignante sur
l'accent : Le cas du projet JEDA. 20. Language Education and Multilingualism – The
Langscape Journal. ISSN 2570-2432.